LA POÉSIE

FERRIERES

Lorsqu’à travers la brume, ô pays de Ferrières,
L’ombre monte au clocher dans l’or bruni du soir,
Quand s’inclinent tes blés, comme pour une prière,
Et quand ton vallon fume, immobile encensoir;

Quand reviennent des bords fleuris de ta rivière,
Portant le linge frais qu’a blanchi le lavoir,
Tes filles le front ceint d’un nimbe de lumière,
Je n’imagine rien de plus charmant à voir.

D’autres s’en vont bien loin pour trouver des merveilles;
Laissons les s’agiter : dans leurs fiévreuses veilles,
Ils ne sentiraient pas ta tranquille beauté.

Tu suffis à mon coeur, toi qui vis nos grands-pères,
Lorsqu’ils passaient joyeux, en leurs heures prospères,
Sur ces mêmes chemins, aux mêmes soirs d’été.

JB

Notre Sichon

Connaissez-vous notre Sichon
Qui naît là-haut au Montoncel ?
C'est un petit ruisseau fripon
Qui chante une jolie ritournelle.

Dans les verdoyants pâturages
Il court capricieusement ;
Il est effronté comme un page
Et folâtre comme un enfant.

Il salue très vite Lavoine
Blotti autour de son clocher
En contournant les champs d'avoine
Que la brise fait onduler.

Il dit bonjour à Saint-Vincent
Juché au haut de son rocher
Puis il s'engouffre en cascadant
Dans sa fraîche et verte vallée.

Il se repose à Ferrières
N'est-ce pas pour lui un jour férié ?
Puis devient une grande rivière
Qui va s'engloutir dans l'Allier

Gaston RAICHL
Mai 1980 : Poème classé 1er au Concours organisé par les Amis de la Montagne Bourbonnaise à l'occasion de leur 10ème Anniversaire.


Bois Noirs

Telles les vagues, tes sommets se succèdent
Tu étires tes longues et profondes vallées tortueuses
Et par l'ampleur de ta masse, tu t'imposes
O Forêt sans borne, tu te dresses
Et vois couler tes veines :
Sichon et Besbre !

Fouillant et creusant dans le granit
Faisant mystère et chant de la nuit
Montagne du soir, délicate à la fin du jour
Sombre ligne de faîte, sur ciel limpide au couchant
Tu te fais belle O ma forêt et nous enchantes.

Sur tes sommets, les raz, les dolmens, les mégalithes
Tout près les gours et les fonts, vénérés des ancêtres
Belle encore dans tes broussailles, tes genêts, tes taillis
En vêtement d'apparât, les feuilles d'or des hêtres !
Couleurs harmonieuses cachant l'âpreté de la Vie.

Et sous le joug, appuyées l'une à l'autre les vaches
S'en allant lentement, retenant le temps ...
Le temps de vivre ...

Tes hauts sommets vêtus d'airelles, de bruyères
Parsemés de bouleaux, de sols spongieux et d'aulnes
Et drosera, flore si rare, dans tes tourbières !

Nuit des Bois-Noirs, musiques variées, tu fais entendre
Cris et chant de la chouette, s'animant autour d'un os
L'arbre craque sous le gel, l'explosion se fait entendre.

A tes pieds, bouquet de ruisseaux qui s'éveillent
Bordant, tel un ruban, Moulin Piat, Puy Ravel, Montgilbert
Que de beauté tu recèles en tes flancs, ma Forêt !
A Glozel, en tes flancs, où les écritures sommeillent
Etrusque, Hittite, Phénicienne et Gaël-Celte ?
Les chercheurs y reviendront et trouveront plus tard !

Gorges profondes, charrières, O terre qui nous possède
Chemins pavés où l'on s'égare, grands lieux de brigandage.
A l'aurore, sur tes sommets enrobés d'or, tu brilles, Bois-Noirs !
Forêt, tu nous prends et donnes la joie de s'y perdre ...

Chaque saison
D'or et d'ambre
Beauté que j'étreins !
O, garde-toi
Pour un seul homme
Qui te contemple.

Chanthalle de SALINS-LAMY
Extrait du livre "Roulis d'amour"